Le Jeudi 16 Février, Le Grand Mix a tenu son apéro Sciences et Web Spécial Sciences et Bande-Dessinée et j’ai été invité à co-organiser l’évènement, notamment pour présenter la plateforme Strip Science. La soirée fut franchement sympathique, même si un bon nombre de personnes intéressées par l’évènement n’ont pas pu s’y rendre. Mais tout n’est pas perdu, car je vous ai concocté un petit Compte Rendu pour que vous viviez l’évènement comme si vous y étiez!
Côté pratique, on avait donné rendez-vous à nos convives à la Taverne du Croissant, ce qui représentait un petit risque vu que les organisateurs du Grand Mix n’avaient jamais tenté de faire des présentations dans ce nouveau lieu… Ben ça n’a pas loupé et je me suis retrouvé en panique à quelques minutes du début de l’apéro, sans câble pour relier mon ordi au vidéoprojecteur (vu que les tenants du lieu, curieusement, n’en avaient pas…). Heureusement que de nombreux amis étaient là, comme Akodostef, qui a pu dévaliser l’open-space de son lieu de travail pour me fournir un câble d’urgence. (Depuis, j’en porte un comme ceinture, c’est plus prudent…)
Ce petit émoi passé, Gayané Adourian fait une petite annonce pour présenter la soirée et les intervenants. Elle invite ensuite les spectateurs à live-twitter l’évènement ce qui est fort chouette quand on réalise par la suite un compte rendu! Ça permet par exemple de récupérer quelques photos de la soirée prises par Gayané et publiées sur son compte Flickr, mais aussi de vous proposer des mini compte-rendu créés à l’aide de Tumblr ou Storify, pour Christelle Fritz, ou encore les dessins réalisés à la volée par Benoit Crouzet sur son I-pad.
Et c’est à moi d’ouvrir le bal: mon objectif, outre la présentation de Strip Science, c’est de donner mon point de vue sur l’importance de l’illustration dans la vie d’un chercheur. Je vous laisse donc découvrir ma présentation (que vous pouvez télécharger également, ce qui vous permettra de voir les vidéos incorporées et mon speech que j’ai retranscrit dans les notes):
Pour résumer, j’ai expliqué que vu qu’on nait rarement chercheur, il faut bien qu’un moment donné, quelque chose nous donne notre vocation! Pour moi qui suis biologiste, ce fut probablement le dessin animé ‘La Vie’ qui m’a initié aux sciences naturelles:
Mais l’illustration et le dessin m’ont accompagné tout au long de mon parcours, que ce soit dans mes Sciences et Vie Junior, dans mes présentations pendant mon doctorat, dans mes lectures quand il fallait décompresser ou encore dans mes premières expériences de vulgarisation scientifique. Récemment, je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul pour qui l’image avait une telle importance pour comprendre et transmettre des concepts scientifiques: des blogs comme ceux de Marion Montaigne ou encore Boulet sont des exemples de l’intérêt que voient certains dessinateurs dans les sciences. Et c’est notamment ce qui m’a motivé pour lancer la plateforme Strip Science (que vous devez connaître, vu que vous y êtes…).
Sur ce j’ai laissé la parole à Aurélie Bordenave (alias Léely sur Strip Science), qui est illustratrice scientifique. Voici donc sa présentation:
Aurélie est diplômée en Arts Appliqués et provient du cursus tenu par l’école Estienne dont elle nous a vanté les formations: Cours d’anatomie humaine où les étudiants assistent à des dissections animales et humaines (car la formation a d’abord été créée pour former des illustrateurs médicaux) mais une ouverture aussi sur d’autres sciences. Un de ses premiers projets fut de collaborer avec des astrophysiciens du CEA pour concevoir des livrets destinés à des élèves de primaire. Cette expérience lui apprend très vite certaines difficultés de communication avec les scientifiques. Exemple : « je voudrais un dessin style B.D »… une requête bien plus compliquée qu’elle n’en a l’air! « style BD: mais quel genre de BD? Manga? Caricature? Belge?… »
Un des buts de la formation de l’école Estienne est donc une réflexion sur la stratégie de communication : à qui s’adresse le dessin ? Le travail en amont avant de dessiner est donc très important ! Aurélie nous montre ensuite un autre projet axé sur l’année mondiale de la chimie et un reportage sur la restauration d’œuvre d’art paru dans Sciences et Vie Junior, 2 projets très différents qui montrent à quel point connaître le public visé est crucial dans une démarche d’illustration scientifique.
Mais Aurélie enfile également la casquette de médiatrice au sein de l’association Stimuli au sein de laquelle elle organise notamment des ateliers BD/Science. Elle assiste donc des enfants dans une Maison de la Jeunesse dans un projet d’illustration dur un thème autour de la cellule. Le travail est encadré par une médiatrice scientifique et 2 illustrateurs. L’objectif : produire une planche autour de la cellule sans prendre trop de liberté par rapport à la réalité scientifique comme mettre des yeux aux globules blancs…
Un autre projet d’Atelier est réalisé avec des étudiants autour de la gravité. Une planche est mise en ligne chaque semaine, conçue entièrement par un étudiant!
Vient le moment de la dernière intervention, celle d’Alain Bénéteau, paléographiste, qui a souvent peuplé Strip Science de créatures préhistoriques! En guise de présentation, Alain Bénéteau veut discuter de son travail avec comme seul support, un diaporama que voici:
A vrai dire, plutôt que de parler de paléoartiste on parle de paléontographie car ce n’est pas un artiste mort! Alain Bénéteau est autodidacte car s’il est passionné pour le dessin de dinosaures, aucune formation n’existe pour cette discipline. Son premier déclic, il l’a eu en 76-77 lors du visionnage de King Kong chez un voisin car il n’avait pas de télé. Du coup, Alain Bénéteau dessine pour figer les images, fugaces et frappantes.
Il entre en 1993 aux éditions Belin et rencontre des gens qui travaillaient pour le magazine Pour la science. Les collaborations se font au fur et à mesure des rencontres, comme celle récente avec Guillaume Lecointre pour réaliser le Guide Critique de l’Evolution.
La Paléontographie, nous explique-t-il, est un mélange entre des mondes inconnus et des contraintes scientifiques qui paradoxalement alimentent l’imagination. Il s’aide aujourd’hui de l’exploitation de la photo numérique et souvent à partir de clichés de décors naturels. Quand il manque des données, comme souvent pour la couleur ou pour la forme de tissus mous, il s’inspire d’organismes actuels (comme pour les plumes d’archéoptéryx auquel il donne des nuances noires… ce qui s’avèrera une bonne prédiction!). Pour les végétaux c’est encore plus dur: à ses questions sur l’apparence d’un arbre, les paleobotanistes ne lui fournissent souvent que des fossiles de graines… L’imagination est donc toujours l’outil le plus efficace et il nous invite à l’exercice d’imagination d’un animal ou d’une scène préhistorique à partir d’un décor naturel, comme lors d’une balade dans une forêt de pins.
Pour vous montrer à quel point, lui, s’est donné à l’exercice, voici une vidéo où il dessine en 10 minutes un somptueux T.rex:
D’autres dessinateurs se sont adonnés à l’exercice pendant la soirée: Alain Prunier, Aurélie Bordenave et Benoit Crouzet.
Vu que j’avais ramené le Paper Board, je me suis permis de récolter le lot… Il faut dire que ça fait une sacrée déco dans mon bureau:
Merci Pierre pour ce compte-rendu fort passionnant 🙂
Ping : Coup de coeur : les dinos de Paleospot | ScientiGeek - La symbiose du geek et du scientifique
Tu arrives à l’apéro avec une présentation orale, tu repars avec 5 dédicaces géantes pour retapisser ton appart’. C’est ce que j’appelle une bonne soirée.
Ping : BD Sciences | Pearltrees
Un compte rendu très complet ! merci 😉
Merci Pierre pour ce compte-rendu.
Juste une précision : avec Stimuli, j’interviens uniquement en tant que dessinatrice. 🙂
Le projet à la Maison des ensembles du 12e à Paris est encadré par deux dessinateurs, un médiatrice scientifique et un doctorant.
En ce moment, Stimuli publie sur son blog des BD réalisées par les étudiants actuels du DSAA design d’illustration scientifique à l’école Estienne. Elles ont été scénarisées par des étudiants en licence de médiation scientifique de Paris 7. Plus d’infos sur le site de Stimuli ! 😉
Ca avait l’air sympa comme événement ! C’est clair que l’illustration et la BD peuvent être des vecteurs puissants pour véhiculer des notions parfois complexes ou donner un nouveau souffle à la vulgarisation scientifique.
Cependant, n’y-a-t-il pas aussi un risque que l’image « fixe » une idée et donne une vision fausse au contraire ? Un exemple classique : l’évolution humaine, du tétard à l’homme moderne en passant par l’Australopithèque.
Bonjour Sirtin,
Votre remarque est intéressante. Pierre a d’ailleurs parlé lors de sa présentation de sa déception de ne pas apercevoir ses globules rouges et de ne pouvoir parler avec eux 🙂
Je pense que le médiateur scientifique doit penser à cette problématique avant de présenter des images et préparer un discours qui permettra à son public de prendre du recul sur ce qui est montré.
Ping : Soirée Science, BD et Humour à l’Espace Pierre-Gilles de Gennes | Strip Science
Ping : Soirée Spéciale Sciences Humour et BD à l’ESPGG: le Compte Rendu | Strip Science
Ping : Strip Science au Festiblog: le Compte Rendu | Strip Science